Amazon : des pratiques commerciales qui mettent les indépendants (aussi bien les libraires que les éditeurs) en danger !

Introduction : 

Je tiens à préciser que je ne suis pas une anti-Amazon primaire mais je tiens à vous exposer de manière construite, grâce à différents articles de presse sourcés et datés, les conséquences des pratiques commerciales d' Amazon  sur les indépendants (aussi bien les libraires que les éditeurs).

Je n'écris pas non plus cet article pour stigmatiser "les méchants clients" qui se laissent séduire par ce système pervers.

Le livre numérique fera l'objet d'un autre article.

Un petit mot sur mes sources:

Si j'ai tendance à beaucoup citer Actualitté c'est parce qu'il s'agit d'un site d'actualité sur tous les métiers du livre qui traduit beaucoup d'autres sources, je les citerai. 

Vous pourrez réagir à cet article que vous soyez professionnels ou clients.

- Vous devez pour cela crée un compte Google (le premier qui fait son troll en  disant qu'il s'agit du second grand Satan de l'histoire verra de suite son commentaire viré ! Google a développé des instruments très intéressants comme l'agenda qui envoie des textos gratuits pour vous rappeler vos rendez-vous, c'est à vous d'utiliser ses instruments à votre portée à bon escient !).

- Vous pouvez poster des commentaires de façon anonyme. En effet j'ai suffisamment  parlé avec certains éditeurs pour savoir que ceux-ci ne témoigneront pas à visages découverts.


" Amazon c'est cool on a 5% automatiquement et
 les frais de port sont gratuits !" 

Bien sûr si je ne faisais pas moi-même partie de la chaîne du livre je trouverai aussi ces arguments séduisants...mais à quel prix?

Déjà petite précision : d'où sort cette histoire de -5% offert?

Petit historique (article de Wikipédia) et rappel: la vente de livre est régie par la Loi lang adoptée en août 1981. 

Article Syndicat National de l' Edition   

En librairie quelles sont les conditions d'attribution de ces fameux -5% ? 

Déjà il s'agit d'une remise non obligatoire et uniquement sur présentation de la carte d'étudiant ou de professeur (enfin quand on peut se permettre de la faire, voir les soucis de remise plus bas...).

A quelles conditions Amazon peut se permettre de vous offrir  
ces frais de port?

Petite précision:

Quand vous payez des frais de port c'est parceque vous passez par des comptes professionnels ouverts par des collègues.

Conditions: 1 abonnement par mois (il faut que je vérifie le montant) et 10 à 15% de commission sur les ventes.

Selon certains éditeurs Amazon exigerait des remises de 40 à 50% pour que ceux-ci aient accès à une vitrine mondiale, comme la FNAC ou VIRGIN (enfin plus pour bien longtemps malheureusement)

Or mes remises, pour parler de celles que je connais le mieux, oscillent entre 30% (pour les dépôts des petits éditeurs parce que je suis gentille et que je souhaite que tout le monde puisse vivre) et grand maximum 38% (sachant que les livres qui me sont facturés à cette remise représentent  10% de mon stock global).
Pour mes exemples je vais prendre la remise moyenne calculée par le CNL (ou Centre National du livre) soit 35%.


Par exemple pour un livre à 8 euros

8 euros en Prix de vente toutes charges comprises ( ou PVTTC) - la TVA de 5.5% = le prix de vente hors taxe (ou PVHT) de 7.56 euros.
Auquel je retire la remise de 35% donc le prix d'achat hors taxes (celui que je paye) sera de 4.914 euros et ma remise de 2.646 euros. 

Par exemple pour un livre à 20 euros 

20 euros en prix de vente TTC - la TVA = 18.9 euros (Prix de vente HT)
Moins ma remise de 35% équivalent à 6.615 euros, le prix d'achat HT que je paye sera donc de 12.28 euros.

Le prix d'un envoi selon les tarifs de la poste étant de 3.50 euros pour 500 grammes en Minimax (non assuré donc) et 5.50 euros pour un colissimo du même poids (lui assuré en cas de perte ou de vol mais c'est encore une autre histoire !) vous comprenez bien qu'à ce prix là je risque d'avoir du mal à pouvoir vous offrir les frais de port !

Et je vous épargne le détail de mes charges mensuelles qui s'élèvent à 3000 euros HT pour le loyer, les charges (du loyer, EDF, Free) + le prêt bancaire... 

J'ai été aujourd'hui confronté à un cas pratique d'amazon donc je vais le rajouter à mon article:

le roman "Nephyr" est annoncé comme commandable à partir de 12, or il sort le 17 comme reconfirmé par le distributeur de J'ai lu !

du coup j'ai fais un petit test en me créant un compte avec ma carte bleue :

si on prend l'option 1 jour ouvré on paye 7.99 euro de frais de port de livraison
si on prend la livraison en soirée 9.99 euros de frais de port
.

Les conditions fiscales et impôts de la société

Article de France 24 daté d' octobre 2012 

et le pied ultime est que l'Etat a versé de belles subventions à la société pour l'installation de nouveaux entrepôts !

Article de Livres Hebdo (le magasine hedomadaire des métiers du livre uniquement disponibles par abonnement ou en accès plus ou moins libre selon les bibliothèques) de décembre 2012 

Documentaire du 11 juin de l'émission Cash Investigation sur France 2
 

" Avec Amazon tout est toujours disponible et on est vite livré !"


Les délais de livraisons sont un gros problème: les distributeurs ont tendance à penser que les petites librairies ne sont pas prioritaires.


Quelles sont les conditions de travail  dans les entrepôts ?

Article du Monde informatique daté de décembre 2008
Article de Streetpress de février 2013 (pour montrer que ça n'a pas vraiment évolué) 
Article d' Actualitté de février 2013 qui cite un article de MHPbooks daté aussi de février 2013. 
Article d' Actualitté de février 2013 concernant les pratiques vite réglées en Allemagne à cause du scandale sur le net 
Article de Livres Hebdo du 11 juin
Article de L'Usine digitale du 26 novembre 2013
Article de Libération du 12 décembre 2013 
Article de Livres Hebdo du 7 février 2013
Article du Journal de Saone-et-Loire du 7 février 2013 
Article de Rue89 du 20 mars 2014

Conséquences de la mise à disponibilité des titres  
dans les entrepôts d' Amazon

 
Certains éditeurs m'ont rapporté que parfois jusqu'à 300 livres étaient bloqués dans les entrepôts d' Amazon alors que sur le site ils étaient indiqués comme "épuisés" ou "stock restant x exemplaires".

Un exemple de problème d'affichage de stock et de paiement plus que décalé sur le blog de l'auteur Yves-Daniel Crouzet.

Le plus drôle est que pendant ce temps là si certains livres ne sont pas en quantités suffisantes chez le distributeur(le fournisseur si vous préférez, il s'agit de l'intermédiaire entre les libraires et l'éditeur car en théorie nous n'avons pas le droit de nous fournir directement auprès des éditeurs mais que par contrat un certain chiffre d'affaire peut-être toléré en direct pour le site de l'éditeur par exemple) les libraires ne peuvent pas les commander !
 

Voici une vidéo qui reprend bien les arguments problématiques de mon collègue Gérard Collard de la librairie La Griffe noire (oui celui du Magazine de la santé sur France 5).

Je pense aussi que vous ne réalisez pas le coût d'un stock. Ma Librairie fait 35 m² et si je la remplie uniquement de livre j'arrive à une estimation de 35 000 euros de stock...

Les conditions de visibilités dans cette vitrine mondiale

Or le système de remise que j'ai expliqué précédemment Amazon tient aussi compte des évaluations des ventes de ses fournisseurs.

Amazon vient de racheter Goodreads, quelles conséquences ?

Pour ceux qui ne connaissent pas Goodreads il s'agit d'un réseau social gratuit sur lequel les lecteurs peuvent laisser leur avis et créer des communautés de lecteurs.
Le but d' Amazon est d'introduire les avis gentiment postés gratuitement par le lecteurs dans le but de mieux vendre les livres à leur profit !

Article d' Actualitté d'avril 2013 

 
Maintenant que je vous ai bien démoralisé voici des alternatives  disponibles en ligne bien de chez nous :


Des exemples qui en plus vous permettent de découvrir des collègues que vous ne connaissiez pas !


Il s'agit d'une plate-forme de libraires indépendants. Vous payez en ligne et vous récupérez votre livre chez qui vous voulez!
 

Même principe qui a pour but principal de vous faire venir en librairie!
Il me permet d'envoyer des clients chez mes collègues et je serai bientôt dessus... mais je vous en reparlerai ! 

Commentaires

Nathy a dit…
Je ne peux que confirmer tes dires. Plusieurs maisons d'édition de ma connaissance m'ont affirmé qu'elles avaient eu des soucis de stocks avec Amazon. Qui, d'une certaine façon, provoque artificiellement des épuisés qui n'existent pas. Ou bien les maisons d'édition ne sont pas averties...
En tant qu’éditrice, bon nombre de gens m'ont demandé : "et les livres que vous allez éditer, les frais de port seront gratuits ? " Que veux tu répondre à ça. On a réfléchi au problème bon nombre de fois, mais il ne faut pas se leurrer si un éditeur ayant sa propre boutique, comme c'est le cas de la majeur partie des petits éditeurs, offre les frais de port, il est obligé de les récuppérer quelque part. La seule solution c'est de l'inclure dans le prix du livre.

Alors oui Amazon offre les frais de port mais Amazon ce n'est ni le petit libraire, ni le petit éditeur. Et après on dit oh oui mais les livres chez les petits éditeurs sont chers... le fait d'offrir les frais de port est une des raisons.
Anonyme a dit…
mouais, ca ne m empechera d acheter sur amazon surtout que sur ce site on peut acheter autres que des livres !!!!! donc pas besoin de faire toute la ville pour ses achats loisirs en un clique j ai fait mes achats et en plus y a des prix interessants qu on ne trouve pas en boutique
si les libraires fesaient un effort on n irait pas sur internet pour depenser moins
Rozenn a dit…
Très intéressant, ton article !
La partie sur la remise du libraire est très éclairante (c'est d'ailleurs pour cette raison que je ne peux pas me permettre, financièrement, de t'envoyer mes bouquins pour que tu les vendes... :( )

Des bises !
(bon, commentaire pas constructif, hein... :D )
Taly Lefèvre a dit…
Merci à la personne anonyme de me préciser ce que je peux faire de plus que mon système de réservation, les dédicaces toute les semaines et mon vernissage par mois.

Moi aussi je vends d'autres choses sur mon site internet.
Unknown a dit…
Bon article, bien argumenté et documenté. Je relaie l'info sur quelques murs. Bien que le souci premier d'un auteur soit d'être lu et donc vendu, je pense, j'espère que peu resteront indifférents à ce qui se passe en coulisses. Ce sont les libraires qui défendent nos bouquins écrits ou à venir face au client final, notre lecteur, il est de bon ton de ne pas l'oublier. La période est confuse et difficile sur un plan financier pour ceux qui publient des livres, et l'excès de zèle d'un libraire pour un bouquin qu'il a adoré, ça peut signifier quelques ventes de plus... C'est loin d'être négligeable. Quand aux lecteurs, je suppose qu'ils préfèrent se faire conseiller par un humain qui lit, que par une note ou une statistique au bas d'une page web. Il serait dommageable que cette tendance s'inverse.
Un bon article clair et argumenté même si j'étais déjà convaincue. Personnellement, je suis trop paranoïaque pour acheter sur Internet ! Et surtout, je préfère l'ambiance d'une librairie pour chercher mes livres, fouiller dans les rayons et avoir aussi l'avis du libraire... J'ai fait de belles découvertes grâce à ses discussions littéraires inopinées^^ C'est peut-être un peu vieux jeu mais je préfère acheter moins d'ouvrages (mais des bons !) pour garnir ma bibliothèque.
POPPY a dit…
Je suis de tout coeur avec toi et ton article est très éclairant pour ceux qui prennent le temps de le lire. Linné Lharsson
Ambre a dit…
Je suis une grande lectrice, et je dévore 4 à 6 livres par semaine.
Je commande sur Amazon, je paye mes frais de port, environ 3 Euros par livres, et 6 Euros pour deux, etc...Je paye vraiment mes frais de ports, et ce pour des livres neufs mais aussi pour les occasions.
C'est en parti pour cela que je commande sur Amazon, pour les occas, mais aussi pour la disponibilité, le choix et la rapidité d’envoi. Je commande des livres dans ma librairie, qui arrive entre 7 et 10 jours, trop long pour moi.
Je ne suis pas une fan d'Amazon, mais pas non un Troll, alors je suis allée voir "Place des Librairies", mais pas de relais dans ma campagne, je vais donc voir si je peux faire des affaires avec " lalibrairie.com". Je comprends vraiment votre problème, qui va devenir le mien, le notre si on ne fait rien. Mais que puis-je faire pour vous aider du mieux que je peux, moi qui fais marcher les affaires comme personne !!
Dans l'attente,
Ambre
Taly Lefèvre a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Taly Lefèvre a dit…
Bonjour Ambre,

Je ne considère pas du tout que vous êtes un troll bien au contraire je vous remercie pour votre avis argumenté !

Les délais de livraisons sont un gros problème: les distributeurs ont tendance à penser que les petites librairies ne sont pas prioritaires.

Du coup je vais rajouter un paragraphe sur ce sujet !
Auteur publié qui souhaite rester anonyme a dit…
Amazon ne paye pas d'impôts en France et c'est déplorable. Vous ne vous battez pas avec les mêmes armes, et c'est regrettable.

Mais en tant qu'auteur, je suis mitigé. On ne trouve pas mon livre dans toutes les librairies bien qu'il soit paru dans une grosse maison d'édition. C'est un polar, qui bénéficie des associations de mots-clés faites par Amazon et des associations du type "ceux qui ont acheté ceci ont aussi acheté cela".
Vous me direz que vous (et je parle des libraires indépendants au sens large) pouvez commander mon livre si on vous le demande. Certes. Mais chez vous il ne bénéficie pas d'une bonne visibilité alors que d'autres livres, d'auteurs étrangers notamment, en profitent. Vous allez bénéficier d'aides, ce que je trouve bien et normal, Amazon en recevant aussi, mais en contrepartie, mettrez-vous en avant des auteurs français ? En tant qu'auteur, il m'est difficile de soutenir votre combat car trop souvent, mon livre n'est pas disponible dans les librairies indépendantes. Je ne mets pas en cause votre droit à choisir ce que vous défendez, mais je ne suis pas sûr que les auteurs français y trouvent complètement leur compte.

Pour finir, je dirais qu'autant je suis d'accord sur les pratiques douteuses d'Amazon, autant je trouve leur système de "conseil par association" génial pour un lecteur qui sait ce qu'il recherche.
Pour moi, l'effet prescripteur d'un libraire n'est pas un élément vendeur du tout. Si j'achète mes livres français en librairie, c'est avant tout pour soutenir le commerce de proximité.
Je crois que c'est cet argument qu'il faut mettre en avant.
Taly Lefèvre a dit…
Bonjour,

le soucis est que part semaine il y a environ 350 livres qui sortent avec les rééditions selon livres Hebdo donc forcément la visibilité est un gros problème.
Eric a dit…
Je suis auteur, chez un "grand petit éditeur" (c'est à dire, un petit éditeur adossé à un très gros groupe), et si ma connaissance du problème était pour ainsi dire nulle avant que ne démarre ma carrière, j'y suis évidemment beaucoup plus sensible depuis.
C'est grâce aux "vrais" libraires que mes livres se sont vendus, Amazon n'étant là que pour ceux qui viennent par le bouche à oreille. De fait, j'évite depuis de commander des livres chez le géant du Net, préférant ma librairie locale... ou celles que je trouve sur mon chemin.
Toutefois, je l'avoue, j'utilise Amazon pour presque tout le reste. Les DVD et les disques neufs, en particulier. Je continue à hanter les disquaires pour les vinyles d'occase, mais j'avoue ne pas éprouver trop de remords à "léser" la FNAC, qui ne connaît plus aujourd'hui de vraie alternative dans ces deux domaines (et c'est sans doute encore davantage vrai pour les DVD que les disques). La FNAC était l'ennemie "d'avant", n'est-ce pas ? Allez, parisien, je vais aussi pas mal chez Gibert. Mais là encore, c'est du gros calibre.
Je pense vraiment que les histoires de frais de port ne sont que la partie émergée de l'iceberg. La force d'Amazon, c'est la rapidité de la livraison, et le stock (j'imagine que c'est lié). Il est assez humain pour un consommateur d'entrer dans une boutique en espérant en ressortir avec ce qu'il est venu chercher. Je ne vois vraiment pas comment un acheteur lambda, qui n'est pas d'une manière ou d'une autre dans le milieu, préfèrerait attendre une semaine que son libraire lui commande un livre, plutôt que de l'avoir le lendemain ou le soir-même. C'est un problème compliqué, au sens où au fond, il est rare d'être pressé de lire un livre au point de ne pouvoir attendre quelques jours. On se crée des obligations, sans doute. Mais au final, je ne vois pas bien comment un libraire classique peut rivaliser avec Amazon sur ce point.
Taly Lefèvre a dit…
Je pense que les clients ont de plus en plus une notion de l'urgence des plus relative !
Quand je vois les piles de lecture d’avance de mes clients je me dis que parfois ils pourraient attendre quelques jours de plus pour avoir un titre que le distributeur est moyennement pressé de m'envoyer.
Eric a dit…
Evidemment que cette urgence est relative ! Mais au fond, il y a vraiment très peu de cas où il est nécessaire de posséder tout de suite un objet culturel comme un livre ou un film. En général, c'est le cas pour les scolaires ("bonjour, je voudrais Madame Bovary en Folio")... Mais pour les autres ? Et pourtant, ça n'empêche que quand on se lève le matin en se disant "ah, tiens, je me ferais bien ce petit plaisir aujourd'hui", il est frustrant que ce plaisir prenne la forme d'une commande à retirer 7 jours après. Et ça, c'était vrai avant Amazon...
Contrairement à mon confrère plus haut, je crois vraiment à l'aspect "conseil" des librairies. Les associations de livres, oui, ça marche bien... Mais j'aime entrer dans une librairie et me laisser surprendre par ce qui est mis en avant, par les petits commentaires. Je crois que c'est ça qu'Amazon ne remplacera jamais : le butinage entre les rayons, sans but précis. Le hasard, en fait.
Anonyme a dit…
Personnellement, je n'achète pas sur Amazon, mais pas non plus en librairie généraliste. Je m'adresse à une librairie spécialisée pour les BD et mangas (une fois tous les deux mois environ, mais quand on y va, on fait une razzia) et j'achète la plupart de mes livres papier en salons (parfois en librairie spécialisée quand j'ai l'occasion de venir à Paris, par exemple pour une dédicace, mais c'est plus rare, car plus loin). Ce sont la plupart du temps des beaux livres ou des artbooks. Pour la lecture "jetable" (en gros, tout ce qui correspond au livre de poche), j'achète en numérique... (et là je sens venir le prochain article^^) Bravo en tout cas pour cet article bien détaillé et argumenté. Je pense qu'en appeler à la civilité des lecteurs/consommateurs est une cause perdue d'avance, par contre qu'Amazon touche des subventions publiques, c'est vraiment pousser mémé dans les orties.
Bonjour,

Etant aussi libraire, je rejoins largement tes propos, bien sûr.
Malheureusement, il nous est impossible de rivaliser avec des grosses structures bien rodées comme Amazon en terme de remises, ou rapidité de livraison.
De même, comme dit plus haut, leur système de référencements croisés se révèle diablement intelligent, et impensable à mettre en place facilement en librairie (à part, hum... en allant consulter Amazon, quoi... ^^).
Il est certain que leur application systématique de la remise de 5%, et la gratuité du port, leur donne aussi un avantage de prix...

Il nous reste donc à trouver d'autres manière de valoriser notre activité.
Déjà, le conseil, bien sûr, lié à notre expertise de libraires, ou les animations comme les dédicaces.
Heureusement aussi, pas mal de monde préfèrera acheter en librairie pour le contact humain, la possibilité de parcourir les rayons et toucher des bouquins physiques, et bien sûr, pourvu qu'on trouve livre à son pied, on repart directement avec l'ouvrage.
Egalement, on reste le choix privilégié de certains par engagement (soutenir les boutiques physiques), d'autres par méfiance envers l'achat par internet.
On ne remerciera jamais assez les clients qui nous choisissent, dans tous les cas, quelles que soient leurs raisons :)

J'attire aussi ton attention sur le fait que le marché du jeu spécialisé (puisque nous sommes aussi vendeurs de jeux), ou du roman dans la langue de Shakespeare, sont en situations souvent bien pires vis-à-vis de la concurrence du net.
Lorsqu'on achète des romans anglais auprès de notre grossiste, on les paie souvent plus cher que ce que paie un particulier les achetant par Amazon, par exemple.
De même pour le jeu, certains produits peuvent se trouver sur internet pour 20%, 30%, parfois même 50% moins cher que notre prix boutique.
Pour autant, et là encore on les remercie sans réserve, nous avons plein de clients qui continuent de préférer acheter ces articles chez nous.
Tant que nous saurons susciter cette sorte de fidélité de la part de nos clients, on peut espérer continuer à survivre face à la concurrence du net.

Bon, cela dit, si les conditions de vente par internet pouvaient redevenir plus concurrentielles vis-à-vis des nôtres, je serai le dernier à m'en plaindre ^^
Slyth a dit…
Ca m'arrive de commander sur internet personnellement mais pas sur Amazon. Mais quand je commande sur internet, ce n'est que pour les occasions.. un peu comme si j'allais faire le marché pour voir si il n'y a pas des livres à bas prix (généralement ce sont les livres qui me tentent mais pas assez pour payer le prix fort)

Sinon, j'achète toujours en librairie. J'aime la qualité du produit, on est sûr d'avoir un beau livre, en bon état. Et puis... c'est tellement plus agréable de circuler dans une librairie, de feuilleter les livres, de demander des conseils, etc, que de faire une commande en un clic :)
Bonjour (C'est un bon début ça, non ?) et bien que, libraire-éditeur récemment installé, je ne sois pas vent debout contre Amazon, je dois avouer que ce que je trouve dans cet article n'est pas faux.

Vous avez cependant oublié un détail quant aux frais de port : pour vous ils sont justes mais pour Amazon ils sont plus faibles car Amazon (comme d'autres) bénéficie d'un tarifs négocié en fonction du trafic (https://www.coliposte.fr/pro/services/main.jsp?m=30003070)... Et j'ai trouvé le témoignage d'un entrepreneur qui obtient déjà 19% de remise (1000 colis/moi) alors en ce qui concerne Amazon, je vous laisse imaginer...

Ensuite, je voulais mettre mon grain de sel au sujet du stock artificiellement "épuisé" car j'en ai été victime (D'ailleurs, je n'ai plus aucun produit sur Amazon et je ne suis pas prêt d'en remettre). Je vendais en indépendant sur Amazon et Amazon a, sans mon accord, référencé mon livre comme étant livré par Amazon. Bien entendu, il était marqué épuisé, puisqu'ils ne l'ont jamais eu, et mon stock perso avait beau être de 50 exemplaires, les clients éventuels ne pouvaient pas le trouver à moins de chercher spécifiquement Ratatosk Diffusion.

Si, par chance, vous trouviez mon livre vous aviez 2,99€ de frais de port car Amazon, qui livre gratuitement lui, interdit par son système la mise en place de frais de port gratuits pour les vendeurs indépendants (Je pourrai vous retrouver la réponse des services d'Amazon mais, désolé, je n'ai pas le temps aujourd'hui).

Une dernière chose, Amazon, dans l'intérêt du client, offre 30 jours de retour possible. Heu... Mais la loi dit 7 jours et, comme auteur, je me refuse à ces 30 jours. Je m'excuse auprès des lecteurs pour cette position mais en 30 jours, les indélicats (une minorité mais ils existent quand même) ont le temps de lire le livre, de copier le livre, de passer le livre et de renvoyer le livre...

Voilà c'est tout ce que j'avais à dire et comme librairie et petite maison d'édition naissante, je précise que je ne veux parler qu'à des libraires indépendants ou directement aux lecteurs. Et je conseille à tout indépendant (auteur, éditeur ou libraire) de faire la même chose. En revanche, utilisez Amazon pour écouler de l'occasion.

Et vous voyez qu'on n'a pas toujours besoin d'anonymat :) Qu'Amazon me vire pour avoir ouvertement critiqué leur système, je n'en ai rien à faire.
Anonyme a dit…
Editeur et auteur publié dans plusieurs maisons (grandes et petites, dans plusieurs genres), je suis conscient du problème de concurrence que fait Amazon.

Mais si tous les libraires étaient des libraires et non des vendeurs de papier, ils draineraient une clientèle locale, fidèle, qui ne demanderait qu'à venir chez eux pour des conseils et acheter (certains le font et en vivent bien).

Pour fréquenter plutôt les librairies qu'Amazon, donc, je me heurte évidemment (manque de place, coût du stock, etc.) à l'absence de rayon poésie, par exemple, à de maigres rayons de SF/Fantasy ou qui ne mettent en avant que les daubes grand-public, et à une absence de fond, mais ce n'est pas grave : je commande. Electre fonctionne et la livraison est rapide, quoi qu'en disent certains.

Le plus problématique ? Voici un exemple.

Mon dernier bouquin paraît ; je me rends chez l'un de mes deux libraires habituels, qui me connaît comme client. Je finis par trouver un (1) exemplaire de mon livre (!) en bas d'un rayon, à peine visible. Je luis dis, l'air de rien que s'agissant d'une nouveauté et étant auteur du quartier, ce serait sans doute une bonne idée de le mettre en avant, avec une petite fiche de lecture, qu'il peut aussi proposer à ses clients un exemplaire dédicacé : il n'a qu'à m'appeler et je passe direct, ou, si je ne suis pas dispo, le client du quartier reprend son exemplaire dédicacé le lendemain. Sa seule réponse :"On ne me demande jamais ça".

Il veut VRAIMENT vendre ? Alors, il faut qu'il se bouge. Sur son site, même, rien d'autre que la première de couv de mon bouquin et les données techniques, alors que je lui ai envoyé par e-mail 10 jours avant parution le dossier de presse, un résumé, une bio, des photos...
Une signature ? Faut pas rêver, je ne suis pas Marc Lévy, Bernard Werber ou autre célébrité.

Alors que sur Amazon, il y a tout : résumé, page ouverte à l'auteur, suggestions quand les acheteurs ont aimé d'autres livres, etc. (la FNAC, pour parler d'un autre "grand", elle, me propose une signature et met une pile de mes bouquins en avant, bien visible.

La FNAC... le meilleur soutien libraire des jeunes auteurs : vous pouvez demander ! On est tous d'accord. On y trouve nos livres. On y VOIT nos livres.

Pour lutter contre Amazon, il faut donc des libraires, des vrais, qui ne pensent pas uniquement tête de gondole, best-sellers, etc. mais qui font partie de la vie du quartier, qui soutiennent les auteurs.

Alors, les libraires pleurent ? Certes : les auteurs aussi, croyez-moi.
Mais plaignez-vous à un libraire, en tant qu'auteur: il vous boycotte aussitôt. Je l'ai vécu.

Fidèlement vôtre,malgré tout. Parce qu'il reste de VRAIS libraires, qui ont la foi. Mais il se font rares. Ils souffrent autant d'Amazon que de leurs confrères désabusés.

Un précision : mes livres se vendent entre 3 000 et 8 000 exemplaires, je ne suis donc pas un "boulet" pour un libraire : il sait qu'il va en vendre plusieurs exemplaires, alors ? WTF...
Taly Lefèvre a dit…
Bonjour cher auteur anonyme !

Si aviez regardez mon programme de dédicace vous auriez vu que je m'engage sacrément auprès des petits auteurs et éditeurs !

Mais peut-être ne connaissez-vous tout simplement pas les bons libraires!

Si j'écoutais tous les égos de tous ceux qui veulent être mis en avant je ne serais plus chez moi.

Et en même temps les auteurs que je connais bien vous diront qu'il suffit de me joindre par mail pour présenter vos livres et que je suis un peu allergique aux reproches anonyme !

En conclusion: apprenons à nous connaitre !
Taly Lefèvre a dit…
J'ai rajouté l'exemple de problème d'affichage de stock et de paiement plus que décalé trouvé sur le blog de l'auteur Yves-Daniel Crouzet.
Anonyme a dit…
En tant qu'ancienne libraire, pour moi, la source du problème vient de ce que l'édition est devenue l'illustration de notre société. Le livre n'est plus un produit qui promeut une culture, des idées, une vision mais un produit comme un autre.

C'est ainsi que le voient les gens (d'où l'attrait pour le prix le moins cher) et c'est ainsi que les éditeurs (surtout les plus gros) le vendent. Comment alors s'étonner qu'Amazon s'engrouffre dans la brèche ? Amazon n'est pas une librairie, c'est une entreprise qui fait de l'argent. Comme le livre marge moins, elle doit vendre plus pour faire plus d'argent, d'où le monopole qu'elle exerce notamment sur la toile qui est LE mode de communication actuel, d'où les pressions sur les tarifs postaux, sur les éditeurs etc. Si le livre s'écroule, Amazon vendra autre chose. D'ici là, elle aura mis la mains sur bien assez de marchés pour continuer à gagner de l'argent.

L'édition veut créer les tendances, dire aux gens ce qu'ils veulent, quand ils le veulent pour maîtriser au plus juste les ventes. Honnêtement, est que 50 shades aurait été publié il n'y a ne serait-ce que 15 ans de cela ? Une fanfic !

Maintenant le lecteur a deux choix devant lui : soit il suit la masse, soit il cherche les perles mais pour cela il lui faut de bons libraires, mais comment les bons libraires pourront-ils survivre avec ces seuls clients (qui sont une minorité) ?

A terme, c'est la liberté d'expression qui est menacée car une fois que nous aurons tous été formatés au bon vouloir de ces grands groupes, nous aurons perdus notre faculté de nous poser des questions.

C'est pourquoi je pense que la survie du livre et des libraires devrait être avant tout politique. Si effectivement, comme je le crois, le livre est un produit à part, alors il faut faire en sorte qu'il le reste quitte à interdire sa vente à ceux qui ne sont pas libraires. Alors les éditeurs pourront reprendre leur travail (qui est de promouvoir de bons auteurs, dénicher LE titre au lieu de satisfaire les égos) et les libraires reprendront tout leur rôle.

Mais ce n'est pas prêt d'arriver. Pensez vous, Amazon mettra son peu d'emplois en France dans la balance...

Marie M. a dit…
Bah écoutez cher auteur anonyme, avant, j'étais un peu comme vous. Franchement je n'avais pas rencontré MA libraire à moi que j'aime et qui me vendrais sa boutique (elle est terrible!!!).
Et c'est sur, du coup, je culpabilisais moins de prendre, de temps en temps, un bouquin sur amazon parce qu'ailleurs, y'avait pas.
C'est marrant, mais depuis que je connais ma LIBRAIRE, bah les bouquins, je suis moins pressée de les avoir. De toute façon, au final, je les ai !
Et sans parler des petites dédicaces bien sympathiques le samedi (ou autres jours gruuuuuuuh) pour rencontrer les auteurs, connus ou méconnus !
Bref, c'est une question de trouver SA librairie, et pas UNE librairie. Vous comprenez ma nuance non ?
Eric a dit…
Si je puis me permettre et sans aucun "esprit de confrérie", je crois que notre ami l'Auteur Anonyme dit strictement la même chose que ceux qui lui ont répondu, et n'adressait de reproches qu'à son libraire de quartier. Il fréquente des librairies, ne commande pas sur Amazon, mais déplore que son libraire de quartier ne joue pas la carte du "ceci est le dernier livre d'un auteur que vous pouvez croiser par ici". C'est vrai que c'est idiot, tout de même, non ?
Depuis que je suis dans le métier - ça ne fait pas très longtemps - je n'ai rencontré que des libraires motivés et qui font bien leur job. Est-ce la majorité ? Je n'en sais rien.
Taly Lefèvre a dit…
dernier exemple en date :

j'ai été aujourd'hui confronté à un cas pratique d'amazon donc je vais le rajouter à mon article:

le roman "Nephyr" est annoncé comme commandable à partir de 12, or il sort le 17 comme reconfirmé par le distributeur de J'ai lu !

du coup j'ai fais un petit test en me créant un compte avec ma carte bleue :

si on prend l'option 1 jour ouvré on paye 7.99 euro de frais de port de livraison
si on prend la livraison en soirée 9.99 euros de frais de port
Taly Lefèvre a dit…
Le point de vue des éditions D'un Noir Si Bleu

http://blog-dnsb.blogspot.fr/2013/04/pourquoi-le-schema-amazon-est-il.html
Taly Lefèvre a dit…
Un nouvel article sur les conditions de travail dans les entrepôts.

http://www.20minutes.fr/article/1149643/ynews1149643?xtor=RSS-176
Arnauld Pontier a dit…
Je suis d'accord avec l'ensemble des commentaires postés, y compris avec ceux de l'Auteur anonyme : si un libraire de quartier ne mise pas sur sa clientèle ET sur ses auteurs de proximité... Pour ce qui me concerne, deux libraires sont près de chez moi : l'un suit mes livres (il est formidable !), l'autre préfère à l'évidence les stars américaines... Et oui, ça me touche d'être ce "proche ignoré". Mais il est maître chez lui, sur ce point, rien à redire.
Taly Lefèvre a dit…
Dernières mises à jour le 11 juin 2013 dans la partie fiscale et la partie conditions de travail.
Bonsoir,

Je tenais à vous dire que je suis de tout coeur avec toutes les personnes qui sont confrontées à ce problème. Personnellement la seule fois où j'ai commander un roman sur amazon est pour la simple raison que après avoir fait le tour de toutes les librairies aux alentours de chez moi ( n'ayant pas le permis je ne peux pas aller à 50km de chez moi pour un roman )aucune ne pouvait me le commander. Pour information, les frais de port ne m'ont pas été offert. Et puis même si ils avaient été offert ça ne changerai rien pour moi, j'aime bien trop chiner dans les rayons et craqué sur pleins de livres dont je n'ai même jamais entendu parler. Mes seuls achats de romans fait sur internet sont fait uniquement sur les sites directements des maison d'éditions comme par exemple les éditions Valentina, Val Sombre etc...Connaissant personnellement quelques une jeunes auteures françaises je suis pour les soutenir, je trouve bien dommage que certains n'achètent pas ces romans car c'est de la littérature française, nos auteurs ont autant de talents que les américains. Et quand aux commandes chez les libraires et les délais pour les recevoir ça ne me gêne pas de devoir attendre parfois 10/15 jours pour le recevoir même si en moyenne le délai est plus proche des 7 jours que des 10 ou 15. Malheureusement, la société d'aujourd'hui est si bien faite que les gens n'ont plus aucune patience, ils veulent tout et tout de suite et en plus ils veulent tout gratuitement ou presque et sans bouger de chez eux. Ce que je trouve personnellement très dommage. Ce que je regrette le plus par chez moi c'est de ne plus avoir de petites librairies "intimes" dans ma ville ou aux alentours. Nous avons des librairies du genre Plein Ciel, Cultura, les espaces culturels leclerc et je peux vous dire que si des petites librairies venaient à ouvrir par ici j'irai sans plus attendre chez eux même si je ne bénéficie d'aucune remise, c'est une ambiance incomparable.
Sur ce je souhaite vraiment beaucoup de courage à toutes les personnes concernées et j'espère que vous arriverez à tenir le choc face à ces géants avec votre librairie.
Bonne soirée.
Taly Lefèvre a dit…
Mise à jour des conditions pour les éditeurs d'Amazon.
sachant que mes remises vont de 30 à 37% je vous laisse juger !
http://www.amazon.fr/gp/seller-account/mm-product-page.html?topic=200413300