"Amatka" de Karin Tidbeck chez La Volte

Présentation de l’éditeur :


“« Bienvenue à Amatka... où chacun joue un rôle, où le langage possède d’étranges propriétés et où rien — pas même la texture de la réalité — ne peut être garanti. » Ainsi se présente Amatka, cette austère colonie antarctique aux ambiances post-soviétiques. Amatka, lieu interdit à la dissidence et aux sentiments, espace exigu où la liberté niche dans les recoins obscurs du langage, est une communauté heureuse mais totalement figée. 
Lorsque Vanja est envoyée en mission là-bas pour y collecter de l’intelligence à des fins gouvernementales, elle comprend rapidement que son séjour qu’elle prévoyait expéditif sera moins routinier qu’envisagé. 
Et pour cause, le point de bascule n’est jamais très loin dans cette colonie d’hiver, de sorte que Vanja sera amenée à enquêter parmi les ombres d’Amatka, celles qui revendiquent l’insurrection…”


L’avis du Loup Noir Punk :

A l'arrivée de l’héroïne,Vanja de Brilar Essre Deux, au sein d’une communauté sous-peuplé post-soviétiques, très portée sur la domination par le contrôle, dans un décor glacé, afin de faire un audit pour un fournisseur de marque de savon on prend de suite la mesure du choc idéologique.

Au fur et à mesure de ses rencontres on prend vite la mesure du décalage émotionnel et formelle, autant du côté des personnages croisés, qui apportent leurs points de vue sur les non-dits de l’histoire de la colonie, que de son côté.

Dans cette communauté l’usage et sens des mots ont été intentionnellement réduits pour mieux contrôler la population. Cette restriction est traduite par les noms même des jours mis en exergue de chaque partie des quatre semaines de présence de l’héroïne.

L’auteure décrit de façon insidieuse l’ambivalence des bienfaits et méfaits d’une organisation si stricte censée apporter le bonheur à chacun. Elle parvient à émouvoir à travers le partage de l’intimité et des non-dits sur l’inconscient collectif.

Le cadre spatio-temporel de huis clos fantastique apporte un côté oppressant renforcé par l’organisation stricte de bâtiment vide mais dans lesquels le peu de meuble a une fonction précise à respecter scrupuleusement.

Le détail que j’ai trouvé original est l'étincelle qui mènera peut-être, ou pas, à la révolte : le fonctionnement trop formaliste et peu pratique des protections féminines.

En conclusion :

Si on peut avoir le sentiment d’avoir fait le tour du sujet des Dystopies type 1984 de George Orwell on peut toutefois aborder cette lecture sous l’angle plus féministe.
Karin Tidbeck décrit, en effet, à travers la limitation du langage et un cadre spatio-temporel extrêmement stricte ce qui pourrait faire d’abord penser à une Dystopie Communiste mais qui devient subtilement une fable politique.
La rébellion pourrait venir des femmes et de leur ras le bol quand à la restriction de leur intimité même.

Bonus :

Présentation du livre par l’auteure ici

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